Le ministre de l’Intérieur britannique a moins d’un mois pour prendre une décision
Un juge britannique a approuvé mercredi l’extradition du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, vers les États-Unis et a transmis l’ordre au ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, qui a deux mois pour décider de le ratifier ou non.
« Un juge britannique a ordonné l’extradition d’Assange vers les États-Unis, où il encourt une peine de 175 ans (de prison) pour ses publications », a déclaré WikiLeaks sur son compte Twitter, avant d’ajouter que M. Patel aura jusqu’au 18 mai pour rendre sa décision.
Le ministre devra maintenant déterminer si la demande américaine satisfait à toutes les exigences, notamment l’engagement de ne pas exécuter Assange en cas de transfert. L’avocat de la défense Mark Summers a confirmé aux médias qu’il allait envoyer au gouvernement des rapports critiquant les pratiques judiciaires américaines, selon la BBC.
L’audience s’est déroulée au milieu d’une manifestation à l’extérieur du bâtiment à laquelle a participé l’ancien leader du parti travailliste Jeremy Corbyn. Dans la salle d’audience, M. Assange n’a pris la parole que pour confirmer son nom, sa date de naissance et le fait qu’il était conscient de ce qui se passait.
La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a fait appel à » l’obligation » du Royaume-Uni de » ne pas envoyer qui que ce soit dans un endroit où sa vie ou sa sécurité serait en danger « . Elle a prévenu dans une déclaration qu’une autorisation finale par Patel « créerait un précédent alarmant pour les rédacteurs et les journalistes ».
Elle craint qu’Assange ne subisse aux États-Unis « des conditions de détention qui pourraient causer des dommages irréversibles à son bien-être physique et psychologique ». Son état de santé a été l’un des principaux arguments de ses avocats pour tenter d’empêcher son extradition, allant jusqu’à évoquer le risque de suicide.
PRÈS DE SEPT ANS À L’AMBASSADE
En mars, la Cour suprême du Royaume-Uni a rejeté la demande d’Assange de faire appel de son extradition vers les États-Unis, où il est accusé d’espionnage et risque jusqu’à 175 ans de prison pour avoir publié des documents officiels classifiés.
Le fondateur de WikiLeaks s’était retranché dans l’ambassade d’Équateur depuis 2012 pour éviter d’être extradé dans un premier temps vers la Suède, où il faisait l’objet d’une enquête en cours pour des crimes sexuels présumés, finalement classée sans suite. Il a toutefois été arrêté en avril 2019 après que les autorités équatoriennes lui ont retiré l’asile.
Cette affaire est sans précédent aux États-Unis en vertu de la réglementation originale, l’Espionage Act de 1917. De nombreux spécialistes estiment que cette loi, qui n’a jamais été utilisée pour poursuivre un journaliste jusqu’à présent, soulève des préoccupations d’ordre constitutionnel car elle porte atteinte aux droits du premier amendement à recevoir et à publier des informations.