Une ONG dénonce la « plus grande prison du monde » pour la presse.
Paris :, 7 déc. (Cinktank.com) –
Au moins 127 journalistes restent derrière les barreaux en Chine, dont 71 de l’ethnie ouïgoure, selon un rapport de Reporters sans frontières (RSF) qui chiffre l’ampleur de la « campagne de répression » perpétrée par les autorités du géant asiatique contre le droit à l’information.
Le rapport, intitulé « Le grand bond en arrière du journalisme », révèle que les atteintes à la liberté d’opinion et d’expression commises par Pékin « s’accélèrent », avec une répression sans précédent dans le monde ces dernières années qui a fait de la Chine « la plus grande prison » pour les journalistes.
L’ONG a prévenu qu’enquêter sur des sujets tabous ou publier des informations censurées peut conduire à des années de prison et que la pandémie de COVID-19 est devenue un « prétexte idéal ». Au moins dix personnes ont été arrêtées en 2020 pour avoir rendu compte de la propagation du virus, dont le journaliste citoyen Zhang Zhan.
Les journalistes, qui doivent télécharger une application espionne, seront bientôt tenus de suivre un cours annuel de 90 heures pour obtenir ou renouveler leur accréditation. Les correspondants étrangers, quant à eux, font l’objet d' »intimidations » et 18 d’entre eux ont dû quitter la Chine en 2020.
Parmi les sujets soumis à la censure figurent des questions historiquement sensibles en Chine, comme Taïwan, le Tibet ou la corruption, mais aussi d’autres comme le mouvement « Me Too » ou l’éloge des travailleurs de la santé. À Hong Kong, la nouvelle loi sur la sécurité nationale a entraîné la répression d’au moins douze journalistes et militants de la liberté de la presse, qui risquent désormais la prison à vie.
La Chine se classe au 177e rang sur 180 dans le classement annuel mondial de la liberté de la presse établi par RSF et Hong Kong, qui a toujours été un bastion de la liberté de la presse, est passé du dix-huitième rang en 2002 au quatre-vingtième rang aujourd’hui.
Le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, craint que si la tendance persiste en Chine, ses citoyens perdent l’espoir que la liberté de la presse soit un jour rétablie et que les autorités parviennent à « imposer leur anti-modèle », même à d’autres pays.
C’est pourquoi il a exhorté la communauté internationale à « identifier toutes les stratégies appropriées pour dissuader le régime de Pékin de poursuivre ses politiques répressives et à soutenir tous les citoyens chinois qui aiment leur pays et veulent défendre leur droit à l’information ».