Paris :, 24 (Cinktank.com)
La délégation des talibans présente en Norvège pour aborder la situation en Afghanistan a démenti lundi que les forces de sécurité soient à l’origine de la disparition, la semaine dernière, des militants Tamana Zaryabi Paryani et Parauana Ibrahimjel.
Le délégué des talibans, Shafi Azam, qui se trouve à Oslo pour les négociations, a nié que les insurgés soient à l’origine des arrestations et a ajouté qu’ils n’avaient aucune connaissance de l’endroit où se trouvaient les deux femmes, a-t-il déclaré à la chaîne de télévision norvégienne NRK.
Il a accusé les deux femmes de s’être cachées dans le but d’obtenir l’asile politique dans un autre pays et a souligné qu' »elles ne sont pas dans des prisons talibanes ». Les militants ont été expulsés de force de leurs domiciles respectifs mercredi, selon les sources de Human Rights Watch (HRW).
Ces derniers jours, des groupes de défense des droits des femmes ont organisé des manifestations dans la capitale, Kaboul, et dans d’autres régions du pays. M. Azam a déclaré que les talibans « respectent les femmes qui manifestent » et « défendent leurs droits », mais que, dans le même temps, « elles ne doivent pas remettre en question les règles religieuses et culturelles ».
« Dans d’autres pays, il existe également des règles pour les manifestations et les protestations. S’ils respectent les règles et les valeurs de la nation, personne ne les arrêtera », a déclaré M. Azam.
Après avoir appris ces disparitions, plusieurs représentants de la société civile présents aux pourparlers d’Oslo ont menacé ces dernières heures de quitter le forum, tandis que la mission des Nations unies en Afghanistan a exigé que les talibans « fournissent des informations sur le lieu où ils se trouvent ».
La situation des femmes en Afghanistan est l’un des principaux points de ces pourparlers qui se déroulent à Oslo et auxquels participent des acteurs de la société civile et des organisations des droits de l’homme afghanes.
Azam a relativisé les critiques de la communauté internationale à l’égard du traitement des femmes par les talibans et a mis en évidence une prétendue différence entre la « culture » et les « valeurs » de l’Afghanistan et celles du reste du monde.
« La culture en Norvège, à Kaboul et dans les districts d’Afghanistan est totalement différente », a déclaré Azam, qui a affirmé que les règles sont ce qu’elles sont à cause de l’Islam.
Il s’agit de la première rencontre des talibans dans un pays occidental depuis qu’ils ont pris le contrôle de l’Afghanistan en août dernier. Bien que la Norvège ait mis en avant son rôle de médiateur dans plusieurs conflits internationaux, comme au Venezuela, la réunion n’a pas été sans susciter la controverse chez ceux qui estiment que la présence des talibans dans le pays nordique les légitime.
Dans ce contexte, la délégation talibane a tenu lundi une réunion avec la responsable de la Mission des Nations unies en Afghanistan (MANUA), Deborah Lyons, au cours de laquelle, selon l’agence onusienne sur ses réseaux sociaux, les dirigeants afghans ont été exhortés à « enquêter sur le problème et à garantir la liberté des militants ».
Pour sa part, le ministère afghan de l’intérieur a souligné que M. Lyons avait remercié les talibans pour leurs tentatives de « sécuriser » le personnel des Nations unies sur le territoire afghan.
En outre, le fonctionnaire de l’ONU aurait reconnu que la communauté internationale « est convaincue » de l’importance de fournir une « aide » aux citoyens afghans afin de « mettre fin à la pauvreté », selon un message du ministère afghan sur les médias sociaux.
De même, le ministère de l’Intérieur taliban a souligné que les autorités du pays veilleront tout particulièrement à garantir l’intégrité du personnel de la MANUA et de ses bureaux.