La première de Mère, la pièce, créée et mise en scène par le directeur du Théâtre de La Colline, Wajdi Mouawad, devait commencer à 20h30 vendredi 19 novembre. Elle a été perturbée par des manifestants avant que la police n’intervienne.
Une trentaine de militantes féministes ont tenté vendredi 19 novembre de bloquer l’accès au Théâtre de La Colline à Paris, où se jouait la première d’un spectacle dont la musique a été composée par Bertrand Cantat, condamné pour le meurtre de sa compagne Marie Trintignant. Arrivées peu avant 20h, les militantes, bonnets et masques noir sur le visage, ont voulu verrouiller les portes du théâtre, dirigé par Wajdi Mouawad, à l’aide de cadenas, avant d’être repoussées par des policiers.
Intitulé Mère, le spectacle, créé et mis en scène par le directeur du Théâtre de La Colline, devait commencer à 20h30. «Cantat assassin, Mouawad complice!», «Il l’a tuée et vous l’applaudissez!», «Défendez les victimes!», ont scandé les manifestantes. «Le but est d’empêcher la pièce», a déclaré l’une d’elles à l’AFP, sans donner son identité. Peu avant 21 heures et après l’intervention policière, elles ont quitté les lieux et le public a pu entrer dans la salle.
Les activistes dénonçaient la tenue de ce spectacle dont la programmation musicale a été confiée au musicien Bertrand Cantat, condamné en 2003 pour le meurtre de Marie Trintignant. La révélation mi-octobre de cette collaboration, au sein d’un des six théâtres nationaux, avait fait polémique, en plein mouvement de dénonciation des violences sexuelles dans le milieu du théâtre français.
Invitée sur France Inter mi-octobre, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot avait dit «regretter» que le musicien ait été «invité» à créer la musique du spectacle. De son côté, le directeur du théâtre Wajdi Mouawad avait refusé de déprogrammer Bertrand Cantat ou encore le metteur en scène Jean-Pierre Barro, arguant ne pas vouloir se «substituer à la justice» ni participer à un mouvement «unilatéral» qui «ne souffre d’aucune nuance». Jean-Pierre Barro met en scène une autre pièce pour La Colline. Il a été visé par une plainte pour viol classée sans suite.
Bertrand Cantat a été condamné à huit ans de prison en 2003. Il en a effectué quatre avant de bénéficier d’une libération conditionnelle en 2007. Son contrôle judiciaire a pris fin en 2011.