Paris, 3 févr. (Cinktank.com) –
Le gouvernement cubain a demandé jeudi la fin du « blocus » imposé par les États-Unis il y a exactement 60 ans, un embargo « inhumain » aux yeux de La Havane, auquel l’administration de Joe Biden n’a pour l’instant montré aucun signe de vouloir toucher à court terme.
En octobre 1960, les États-Unis ont officiellement imposé un embargo économique partiel à Cuba en réponse à l’expropriation par Castro des actifs des entreprises et des citoyens américains sur l’île. Un an et demi plus tard, le 3 février 1962, le président américain de l’époque, John F. Kennedy, promulguait une mesure rendant l’embargo total.
Les autorités de l’île ont demandé à de nombreuses reprises la fin de ce « blocus », affirmant même que, avec Biden à la Maison Blanche, les restrictions sont renforcées. Dans tous les cas, le rapprochement entre Washington et La Havane qui a conduit à la normalisation des relations bilatérales en décembre 2014 est loin d’être acquis.
« Le gouvernement révolutionnaire, au nom du peuple cubain, exige avec force la fin du blocus imposé par les États-Unis », a souligné jeudi le président cubain Miguel Díaz-Canel, coïncidant avec le soixantième anniversaire de ce qu’on appelle la Proclamation 3447.
« Notre dénonciation restera ferme et inchangée jusqu’à ce que cette politique inhumaine et illégale cesse », a déclaré M. Díaz-Canel sur son compte Twitter. Selon son gouvernement, l’embargo a entraîné des pertes de plus de 144 milliards de dollars au cours des six dernières décennies.
Dans un communiqué, le ministère cubain des Affaires étrangères a également critiqué cette « politique d’encerclement et d’asphyxie économique », qu’il attribue aux intérêts politiques des États-Unis et à leur objectif de « domination impérialiste ». « Au fil du temps, les prétextes ont varié, mais les objectifs sont restés les mêmes », a-t-elle souligné.
La Havane considère même qu’il s’agit d’un « acte de guerre économique » ayant des conséquences non seulement de nature bilatérale, mais aussi dans les relations avec les pays tiers. En ce sens, le département dirigé par Bruno Rodríguez a averti qu’il « freine » les investissements étrangers et « coupe toutes les sources de revenus ».
« Le blocus n’a jamais eu le moindre soupçon de légitimité, ni de justification morale », a-t-il ajouté, le qualifiant de « violation massive, flagrante et systématique des droits de l’homme », comparable même à un « génocide ». Au cours des deux dernières années, le gouvernement cubain a reconnu que l’embargo compromettait sa capacité à faire face à la pandémie de COVID-19.
Pour le ministère cubain des affaires étrangères, ce prétendu « renforcement du blocus » atteint « des limites insoupçonnées de cruauté », même s’il a souligné que les autorités de l’île ne changeront pas leur politique actuelle, quelles que soient les pressions qu’elles reçoivent. « Il semblerait que 60 ans n’aient pas été suffisants pour comprendre qu’elle n’a pas rempli, et ne remplira pas, les objectifs de ses promoteurs », a-t-il averti.