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Crise énergétique : comment l’Arabie saoudite revient au centre du jeu

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En pleine crise énergétique, l’Arabie saoudite revient au centre du grand jeu pétrolier mondial. Le royaume représente une des seules alternatives crédibles pour fournir du pétrole à l’Europe, et notamment à la France.

Depuis le début de la guerre en Ukraine et les sanctions massives et inédites contre la Russie, les prix de l’énergie explosent. Dépendante de Moscou dans son approvisionnement en gaz et en pétrole, l’Europe doit trouver des alternatives. Dans ce contexte, le vieux continent se tourne vers un grand producteur mondial de pétrole : l’Arabie saoudite.

Ce pays du Golfe se retrouve donc au cœur des enjeux géopolitiques. L’Arabie saoudite est le Premier exportateur mondial de pétrole brut, l’Arabie saoudite produit 11 millions de barils par jour. L’heure est donc à la realpolitik.

L’Arabie saoudite est le principal régulateur du marché pétrolier

Grâce à ses réserves, les plus grandes au monde derrière le Venezuela, l’Arabie saoudite est le principal régulateur du marché pétrolier. Depuis 77 ans, le royaume a bâti des relations solides avec son allié américain. Cette relation avec les Etats-Unis s’appuie notamment sur le « Pacte du Quincy » (1945), garantissant à la monarchie saoudienne une protection militaire en échange d’un accès au pétrole.

Ce pacte entre les deux nations a permis de maintenir au fil des décennies un prix du brut relativement stable, facteur majeur de la croissance économique mondiale d’après-guerre. De plus, l’Arabie saoudite fonde sa politique pétrolière sur l’équilibre entre l’offre et la demande.

L’OPEP+ : le royaume s’aligne avec la Russie

Dans les années 2010, le développement du pétrole de schiste américain entraîne une baisse importante du cours du brut. Pour continuer de défendre ses parts de marché, l’Arabie saoudite décide de coopérer avec l’ennemi historique des USA : la Russie. Le royaume codirige ainsi avec Moscou l’OPEP+, l’alliance de 23 pays producteurs de pétrole réunis pour soutenir les cours de l’or noir. Ensemble, ces Etats comptent pour environ 51% de la production mondiale de pétrole.

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La présence de l’Arabie saoudite dans l’OPEP+, et donc son partenariat avec la Russie, est toujours d’actualité, malgré les pressions américaines dans le contexte de la guerre en Ukraine. Craignant une récession mondiale qui réduirait la demande de brut, le royaume saoudien trouve en effet son intérêt à rester membre de cette alliance. Tout en ménageant les susceptibilités américaines, puisqu’avec une production de 11 millions de barils par jour, l’Arabie saoudite a atteint son pic de production afin de ne pas faire flamber les prix.

L’Europe fait appel à Mohammed ben Salmane

Pris à la gorge par les sanctions contre la Russie, l’Occident s’est donc rapproché du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. MBS s’est rendu fin juillet en Grèce où il a signé avec le premier ministre Kyriakos Mitsotakis des accords dans les domaines de l’énergie, mais aussi dans les technologies de défense, les transports maritimes, la culture et la gestion des déchets. Les deux hommes envisagent également un câble qui amènerait de l’électricité saoudienne en Grèce.

Deux jours plus tard, Mohammed ben Salmane a rencontré Emmanuel Macron à l’Elysée. Le Président de la République a interrogé le prince sur la capacité du royaume à augmenter sa production de pétrole pour répondre à la demande et soulager les marchés. MBS a rappelé son engagement vis-à-vis de l’OPEP+.

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Les deux dirigeants ont néanmoins décidé d’un renforcement de leur partenariat énergétique. La France et l’Arabie saoudite ont toujours été en étroite collaboration. Ryad est même le premier fournisseur de brut de l’Hexagone et les grandes sociétés pétrolières du territoire, comme Total, Technip, Vallourec et IFP, entretiennent de bonnes relations avec le royaume.

Sortir du pétrole par les énergies renouvelables : l’ambition de l’Arabie saoudite

En 2016, le gouvernement saoudien a mis en place le plan « Vision 2030 », un programme de développement qui a pour principal objectif de réduire la dépendance du pays au pétrole. Pour ce faire, le royaume diversifie son économie en accélérant sur les énergies renouvelables comme le solaire, l’éolien, l’hydrogène. Une transition qui s’opère d’ailleurs avec l’aide de sociétés françaises (Total, EDF, Air Liquide, Engie…). Car en effet, les ambitions du royaume en matière environnementale sont particulièrement fortes. Exprimées par les plans « Saudi Green Initiative » et « Middle East Green Initiative », l’Arabie saoudite entend atteindre la neutralité carbone d’ici 2060.

À ce titre, le royaume multiplie les mesures vertes, telles que la réduction des subventions sur les prix de l’essence et un plan de soutien à la sobriété énergétique des bâtiments. Les subventions d’eau et d’électricité ont aussi été fortement réduites pour limiter les gaspillages. Dans ce cadre, Ryad a également mis en place le programme Green Park, qui consiste notamment à verdir les villes du pays en plantant 10 milliards d’arbres – 50 milliards pour l’ensemble de la région Moyen Orient. Pour sa part, Aramco, la compagnie nationale d’hydrocarbures, se donne aussi pour objectif de réduire à zéro ses émissions nettes, à l’horizon 2050.

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