Selon les experts, seuls deux des douze principaux constructeurs automobiles mondiaux prévoient de fabriquer suffisamment de véhicules électriques d’ici à 2030 pour rester en phase avec les objectifs climatiques de l’accord de Paris. À l’échelle mondiale, plus de la moitié des nouveaux véhicules qui sortiront des chaînes de production en 2029 devront être électriques pour que le secteur soit en conformité avec l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels, selon Influence Map, une ONG de recherche qui évalue les objectifs et les politiques climatiques des entreprises.
Dans le même temps, 11 des 12 constructeurs automobiles – tout en soutenant publiquement l’Accord de Paris – se sont activement opposés aux politiques gouvernementales visant à accélérer le passage aux véhicules électriques, en particulier l’élimination progressive des moteurs à combustion interne, selon Influence Map.
Les géants japonais de l’automobile Toyota, Honda et Nissan sont particulièrement loin du compte, puisque les voitures non polluantes ne représentent respectivement que 14, 18 et 22 % de leur production prévue en 2029, selon le rapport.
Le sud-coréen Hyundai, le constructeur américain Ford et le français Renault – dont 27, 28 et 31 % des flottes mondiales devraient être électriques dans sept ans – étaient à peine plus sur la bonne voie.
L’exception notable est la société américaine Tesla, un constructeur « pure player » qui n’a jamais fabriqué que des voitures et des camions électriques.
– A la traîne –
« Presque tous les constructeurs automobiles ne parviennent pas à suivre le rythme de la transition vers les émissions zéro », a déclaré Ben Youriev, directeur du programme Influence Map. « Les personnes les plus en retard sont aussi les plus négatives en matière de défense de la politique climatique. »
Ford, Stellantis, Volkswagen et BMW se rapprochent du seuil de 52 % pour la compatibilité avec l’objectif de température de Paris, avec 36 à 46 % de leurs flottes prévues pour être électriques en 2029. Outre Tesla, seule Mercedes-Benz – à 56 % – prévoit une transition conforme à cet objectif.
Pour évaluer les trajectoires des constructeurs automobiles, Influence Map croise différents jeux de données.
Les chercheurs ont utilisé le scénario de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pour décarboniser le secteur des transports assez rapidement pour ne pas compromettre l’objectif de 1,5°C, qui nécessiterait que 57,5 % de toutes les voitures produites en 2030 soient électriques.
Le rapport de l’AIE intitulé « Net Zero by 2050 » part également du principe que la part des énergies renouvelables dans la production mondiale d’électricité sera d’environ 60 % en 2030.
Le rapport Influence Map a ensuite comparé cet objectif aux prévisions de production d’IHS Markit jusqu’en 2029, ce qui correspond à une part de 52 % de véhicules électriques dans le schéma de l’AIE.
Collectivement, la production mondiale combinée de véhicules électriques à batterie par tous les constructeurs automobiles ne devrait atteindre que 32 % d’ici 2029.
Cela signifie que l’industrie automobile devrait augmenter la production de voitures à émissions zéro de 80 % pour atteindre l’objectif de production fixé par l’AIE pour 2030.
– Impact de la politique gouvernementale –
Les conclusions du rapport révèlent l’impact critique de la politique gouvernementale sur le rythme de la transition vers l’abandon des moteurs à combustion interne, qui représentent environ 16 % des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations unies.
Dans l’Union européenne, qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % par rapport aux niveaux de 1990 d’ici 2030, la flotte produite par Toyota devrait être à 50 % électrique d’ici 2029. Mais aux États-Unis, où les normes d’émission de carburant sont moins strictes, ce chiffre n’est que de 4 %. De même, la production de Ford dans l’UE devrait être à 65 % électrique d’ici 2029, soit près du double de la moyenne mondiale.
Un fonds de pension détenant des actions de Toyota et de Volkswagen a exprimé son inquiétude quant à l’influence des résultats de Map.
« En tant qu’investisseurs, nous sommes préoccupés par le tableau brossé qui confirme que certaines entreprises de l’industrie automobile se placent du mauvais côté de l’histoire en s’opposant activement à des règles et réglementations indispensables liées au changement climatique », a déclaré à l’AFP Anders Schelde, directeur informatique de la société danoise AkademikerPension, qui gère 20 milliards de dollars d’actifs.
« Nous sommes également préoccupés par le fait que Toyota obtient le pire score parmi ses pairs en matière de lobbying climatique, car l’entreprise met en péril sa précieuse marque. »
Lisez toutes les dernières nouvelles, les nouvelles de dernière minute et les mises à jour en direct de l’IPL 2022 ici.